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Déclaration des Phoenix 11 sur le projet de règlement sur la protection de la vie privée en ligne de l’Union européenne


Pour diffusion immédiate

Voici une déclaration des Phœnix 11, un groupe de survivantes dont les abus pédosexuels ont été mis en images et, dans la plupart des cas, diffusés sur Internet. Ces personnes se sont regroupées pour dénoncer avec vigueur les réactions insuffisantes à la prévalence d’images d’abus pédosexuels sur Internet.

Nous avons récemment appris que l’Union européenne envisageait d’adopter un règlement sur la protection de la vie privée en ligne qui, selon nous, empêchera les plates-formes Internet d’analyser leurs réseaux pour y chercher des images d’abus pédosexuels et d’utiliser des outils comme Microsoft PhotoDNA. Cette possibilité nous préoccupe vivement, et nous pensons qu’il nous incombe d’en expliquer la raison, à la fois pour nous-mêmes et pour toutes les victimes de la création et de la diffusion d’images d’abus pédosexuels.

Nous nous rappelons qu’à l’époque où nous aurions dû savourer notre enfance et tout ce qui l’accompagne, nous avons été victimes d’abus sexuels. À ce traumatisme s’est ajouté, pour la plupart d’entre nous, le drame de savoir que des images et des vidéos ont été diffusées sur Internet. Des images et des vidéos sur lesquelles nous n’avions aucune prise et qui nous montrent à notre état le plus vulnérable. Ces images et vidéos nous hantent encore aujourd’hui puisqu’elles se propagent sans cesse sur des sites Internet et dans les boîtes de réception et les dossiers partagés d’une communauté de plus en plus nombreuse d’abuseurs.

Même si cela semble aller de soi, il est important pour nous de souligner que chacune de ces images d’abus pédosexuels a été créée illégalement et sans consentement, et que toute personne qui possède ces images ou vidéos n’a jamais obtenu notre consentement. C’est une violation de notre vie privée. La consultation, la possession ou le partage d’images d’abus pédosexuels où nous figurons est chaque fois une atteinte à notre dignité et à nos droits, ainsi qu’à ceux de tous les enfants qui sont devenus victimes pour les mêmes raisons.

Pendant longtemps, nous avons eu l’impression qu’il ne se faisait pas grand-chose pour endiguer efficacement la prolifération de nos images d’abus. Jour après jour, mois après mois, des abuseurs du monde entier partagent et échangent nos images, ils les utilisent comme bon leur semble pour conditionner d’autres enfants, ils en parlent et ils les utilisent pour se convaincre que les abus sexuels commis sur des enfants sont normaux. Au cours des dernières années, après une longue période sans contrôle, sans espoir et sans possibilité d’empêcher l’enregistrement d’images qu’il est interdit de posséder ou de distribuer, nous avons constaté que des changements commencent enfin à s’opérer. En effet, la technologie qui a servi à nous faire honte et à nous réduire au silence peut maintenant nous aider. Il ne faut pas que cela cesse. Nous avons beaucoup trop souffert, beaucoup trop longtemps, pour revenir en arrière.

N’oubliez pas que chacune de nos images d’abus pédosexuels est une violation directe et continue de nos droits, de notre dignité et de notre sécurité personnelle. Pensez à la souffrance et aux abus que nous avons dû subir pour que ces images et vidéos voient le jour. N’oubliez pas que les personnes qui possèdent et partagent ces images n’ont pas le droit de les avoir et n’ont jamais eu ce droit. Si vous avez le choix entre protéger la vie privée des personnes qui tirent plaisir de notre douleur ou protéger notre vie privée — et celle de tous les enfants figurant dans du matériel pédopornographique —, nous vous implorons de protéger les enfants.

Nous, les Phoenix 11, demandons à l’Union européenne de modifier le projet de règlement sur la protection de la vie privée en ligne afin qu’il permette à l’industrie de tout faire pour éliminer de ses réseaux les images et vidéos d’abus pédosexuels. S’il est clair que ce règlement permet d’analyser les réseaux pour y détecter les logiciels malveillants et les virus, il devrait être tout aussi clair qu’il est acceptable de les analyser pour y détecter les images ou les vidéos d’abus s pédosexuels et les éliminer. Si la loi reconnaît la nécessité de protéger les ordinateurs contre les méfaits et le prévoit, elle doit aussi protéger les enfants des dangers réels et immenses que cause la diffusion de matériel représentant des abus pédosexuels.

Vous comprendrez assurément que nous rêvons au jour où nous serons libérées des entraves de ces images et pourrons jouir de jours paisibles. Songez au coût social, économique et personnel faramineux qui pèse et pèsera encore sur des dizaines de milliers de survivants comme nous si les organismes qui sont en mesure de protéger leurs droits et leur dignité estiment qu’ils ne peuvent plus le faire par crainte de contrevenir à cette loi.

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Le Centre canadien de protection de l’enfance, organisme de bienfaisance canadien voué à la protection des enfants, et le National Center for Missing and Exploited Children, organisme de bienfaisance américain qui gère un imposant centre de signalement voué à tous les aspects de la prévention de la violence faite aux enfants et du rétablissement des victimes, appuient la position des Phoenix 11.

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